Deux livres sur le harcèlement scolaire aux éditions Langue au Chat

Chloé est une jeune fille calme et réservé, qui peut paraître distante et sans émotion. Pour l’aider dans l’expression de celles-ci, elle voit une pédopsy tous les 6 mois depuis 18 mois, elle aime bien lui parler. Dernièrement elle lui a dit qu’elle avait un poids sur l’estomac, car elle m’avait menti une fois l’année dernière et ça la travaillait depuis. Mais elle lui a confié aussi qu’elle trouvait qu’on prenait toujours le parti de Manon. Qu’à chaque fois qu’elle venait nous voir, on intervenait peu ou qu’on lui disait qu’on ne voulait pas intervenir. Ce que mon homme a confirmé quand il a débriefé avec la psy.

Je l’avoue, j’ai déjà dit à mes filles “Ce n’est pas bien de rapporter” car pour moi, c’est pas important et je voulais leur apprendre à se débrouiller seules, les rendre fortes ! Mais en même temps, je veux qu’elles aient confiance en moi pour venir se confier à moi quand elles auront un gros problème (en y réfléchissant, c’est un peu contradictoire). Du coup la pédopsy a réagi et nous a confié qu’en France on a un gros problème avec la délation, qui a toujours un côté péjoratif du à notre histoire lors de la seconde guerre mondiale. Ce qui explique en partie notre taux de harcèlement scolaire … …

Alors on est bien d’accord qu’il y a un canyon entre “Ma soeur m’embête” et “un enfant m’embête à l’école”. Quoique … …. Si on y réfléchit bien, qu’elle est la différence ? Dans chacun des cas, notre enfant ressent un mal être, alors si on lui dit que pour sa soeur ce n’est rien, qu’on intervient pas, il va continuer à “subir” le “mauvais” traitement de sa soeur. Quelle différence fera-t-il si un jour il se fait maltraiter à l’école ? Il va subir ce comportement sans oser en parler, car on ne l’aura pas éduquer pour “balancer” les mauvais comportements.

Du coup depuis 10 jours, mon homme et moi ont fait beaucoup plus attention à ces comportements. Quand Manon ou Chloé vient se plaindre du comportement de sa soeur, je prends du temps pour régler ce “conflit”. Alors j’entend par “régler”, discuter pas punir, on est bien d’accord là dessus. On parle, j’entends les deux parties m’expliquer leur point de vue et généralement ça se règle sans que j’intervienne plus : je sers de médiatrice pour que chacune s’écoute. Généralement, la tension s’évanouie rapidement, alors qu’avant quand je ne m’en mêlais pas, cela avait tendance à s’envenimer et à partir en cacahuète, entendez par cela, cris et hurlements suraigus!

Alors cela n’est pas une solution magique : ça ne règle pas tous les problèmes de relation entre deux filles !! Je vous rassure elles se chamaillent toujours (et je suis pas sûre que cela disparaisse un jour, ce sont des filles et des soeurs ^_^). Mais je souhaite qu’elles aient confiance en moi pour venir se confier dès qu’elles ont un problème qu’importe l’importance qu’il a à mes yeux, car aux leurs, il est important.

Pour en revenir à ce que nous la psy sur le harcèlement scolaire, c’est une de mes plus grandes peurs pour mes filles, j’en ai été victime (je ne rentrerais pas dans les détails, j’ai tourné la page) et je sais les dégâts que cela peut faire !

On sait que les enfants sont durs entre eux ainsi qu’avec eux même, mais le constat est alarmant près d’un enfant sur deux en est victime dès l’âge de 7 ans, et un adolescent sur quatre avant ces 18 ans. Ces chiffres sont inquiétant, car peu d’enfants en parlent, généralement par peur des représailles, que leur situation empire ou de ne pas être pris au sérieux.

Afin de les sensibiliser à ce problème, la lecture est pour moi un passage obligé : on lit, on écoute, on discute et elles peuvent d’elles même le relire. C’est pour cela qu’aujourd’hui, j’ai envie de vous présenter deux livres de la collection langue au Chat, qui me tiennent beaucoup à coeur car il parle de ce sujet sensible qu’est le harcèlement scolaire.

Présentation des livres :

Elsa La reine Desposte

C’est l’histoire d’Elsa, comme son homonyme disney, elle est grande, blonde et intelligente, mais son pouvoir n’est pas la magie de la glace, mais la méchanceté. Quand elle dit ou fait quelque chose tout le monde la suit à l’école, même s’ils ne sont pas d’accord avec son comportement. Mais que cache ce comportement méchant ? D’où vient son mal être ? Pour l’aider, Lucie une petite souris lui vient en aide grâce des paroles apaisantes et des exercices de sophrologie, Elsa va trouver la force et le courage d’en parler à un adulte et de changer.

Cours, cours dans la cour

Lucas a peur d’aller à l’école, une petite boule se forme dans sa gorge dès le réveil et elle grandit, grandit jusqu’à l’étouffer. Mais de quoi a-t-il peur ? Du grand Nathan qui l’a pris pour tête de turc, lui pique son goûter, l’humilie devant les copains et le menace. Lucas veut se faire tout petit, disparaître pour ne plus supporter les méchancetés de son bourreau. Une maligne petite souris vient l’aider afin qu’il retrouve son harmonie, sa joie de vivre et surtout le courage d’affronter son bourreau.

Présentation de l’auteur : Catherine ALIOTTA

Spécialiste de sophrologie, Catherine Aliotta a fondé en 2003 l’institut de Formation à la Sophrologie. Auteur et pédagogue française, elle a déjà publié de nombreux ouvrages de référence ainsi que des manuels pratique à destination du grand public. Elle intervient régulièrement en conférence et participe à de nombreuses émissions en tant qu’experte. Vous pouvez la retrouver sur son site par ICI.

Mon avis

Ces deux ouvrages évoquent les conflits rencontrés dans la cours d’école, ce que beaucoup d’adultes considèrent comme des “petites querelles sans conséquences”. Mais aux yeux de nos enfants, cela n’en sont pas. Ces deux livres sont complémentaires, et il est essentiel d’avoir les deux. D’un côté on a le despote, de l’autre on a le harcelé. Il est important de présenter les deux à l’enfant afin de se rendre compte des comportements des harceleurs, mais aussi des victimes.

Cette collection est vraiment originale car elle allie avec beaucoup de finesse et de doigté lecture et sophrologie : les exercices interviennent au coeur de l’histoire sans en casser le rythme : c’est un pari osé mais réussi. Cette méthodologie mets en avant le dialogue contre la violence (et vu les événements en cours, on voit ce qui se passe lorsque celui-ci est rompu)

J’aime beaucoup le personnage de la souris, personnage extérieur souvent présenté dans la lecture enfantine, comme petit et sans défense, mais adoré par les enfants grâce à la souris des dents. Cette petite souris n’a pas de baguette magique, pas de formule magique pour résoudre les problèmes, ce n’est pas la fée bleue. Mais elle a quelque chose d’encore plus fort, à travers des exercices faciles à comprendre et à retenir, elle va redonner confiance en soir à l’enfant. Par des gestes simples, des respirations et des visualisations, l’enfant va se détendre. Reprenant des mouvements de bras, des postures de yoga, ces exercices facilitent la détente et la réflexion.

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Dans le premier tome, Elsa fait aussi appel à sa maman afin de l’aider à réparer le mal qu’elle a causé. Dans le second, Lucas se débrouille seul, mais il est aussi mis en avant que si il n’y arrive pas, il ira voir les animateurs. L’auteur mets en avant que l’enfant a les ressources nécessaire pour résoudre ce conflit, mais qu’il y a aussi toujours un adulte pour l’épauler si besoin est (parents, enseignant, animateur…). J’apprécie cette mise en avant discrète de l’adulte: il reste en retrait dans le livre et cela est en adéquation avec ce que j’enseigne à mes filles. Elles essayent de régler le problème d’abord et si besoin est, elles doivent aller voir un adulte.

Lors de la lecture du livre, les filles se sont prêtées au jeu des exercices de respiration. J’ai beaucoup aimé ces exercices qui je pense, peuvent être détournés et utilisés pour d’autres cas (quand on est en colère pour se calmer, pour se donner du courage ou encore chasser un souci qui devient lourd à porter).

Voici une partie des exercices de sophrologie pour “Elsa, la reine despote” testé par Chloé :

  • Expulser sa colère (celui-là va bien nous servir) :

  • Refuser la méchanceté :

  • Accepter la gentillesse et le respect :

  • attirer et s’imprégner de courage :

Les illustrations sont très belles, colorés et douces, mais sans plus de détails, ce sont les personnages qui sont mis en avant avec leurs émotions. Les expressions de leur visage sont très bien faites, les filles reconnaissent les émotions sans problème : fierté, peur, doute, appréhension, méchanceté, colère, tristesse, joie.

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Ces livres sont conseillés à partir 5 ans, les textes sont abordables ainsi que les exercices de sophrologies dès cet âge. Alors oui, les conflits sont simples, on ne rentre pas dans les détails car le but est de trouver une solution au conflit pas d’approfondir la cause du conflit.

En conclusion, ils sont parfaits pour accompagner les enfants du primaire et évoquer des thèmes pas facile à aborder avec les enfants mais qui peuvent faire partie de leur quotidien et il est important d’en parler “au cas où”.

Ces livres font 40 pages pour 12€50.

Merci aux éditions Langue au chat pour cette belle découverte. Vous pouvez retrouver toutes leurs nouveautés par ICI

ça sera ma participation au rendez vous hebdomadaire “Chut les enfants lisent

14 thoughts on “Deux livres sur le harcèlement scolaire aux éditions Langue au Chat

  1. Hello
    Ce n’est pas un sujet facile : il faut savoir trouver les mots et aussi des solutions au cas où l’enfant en est victime. Avoir des supports ne peut qu’aider à trouver rapidement toute l’aide dont l’enfant à besoin mais aussi aider les parents à mieux accompagner leurs enfants.
    Merci pour ton partage

  2. Vraiment très interessant… je n’aime pas les raporteurs… mais du coup je vais changer mon comportement illico presto… c est vrai que je n’avais pas vu les choses sous cet angle 😱😱😱

  3. Le harcèlement scolaire fait tellement de dégâts oui. Et ça commence tout petit ! Lea, en petite section de maternelle, se faisait déjà embêter par un garçon qui apparemment terrorise encore d’autres enfants. Elle s’est plaint de lui pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce que son Papa aille le voir avec son Papa pour lui expliquer fermement que ça suffisait et que si ça continuait il avertirait la directrice.
    Depuis, elle n’est plus embêtée mais elle nous en parle encore de temps en temps. Comme quoi, ça reste !
    C’est quelque chose qui me fait très peur aussi pour mes filles. Je leur apprends depuis toute petite le respect, l’altruisme et la gentillesse, mais il faut aussi qu’elle sache se défendre si jamais. Et je leur dis toujours de parler, si elle se sentent embêtée, triste, en colère ou autre, qu’elles s’expriment. Le dialogue c’est vraiment très très important !
    Bon dimanche
    Elsa

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